La Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable publie les résultats du 11e Baromètre de la conduite responsable.
A la veille du long week-end de l’Ascension, la Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats de son 11e Baromètre de la conduite responsable. Réalisée par Ipsos auprès de 12 400 personnes dans 11 pays européens, cette vaste enquête dresse un état des lieux des comportements et représentations des Européens au volant. Elle permet de suivre l’évolution des conduites à risque et des bonnes pratiques pour contribuer à mieux orienter les messages de prévention en France et dans les autres pays européens.
Nouveauté 2021 : l'enquête permet également de dresser un parallèle entre le respect du Code de la route et celui des consignes sanitaires
La règle, qu’il s’agisse du Code de la route ou des consignes sanitaires, est plus souvent perçue comme une contrainte que comme une protection. En s’octroyant des petits arrangements avec celle-ci, les conducteurs privilégient leur bénéfice immédiat, négligent le risque potentiel d’accident et comptent sur leur capacité de maîtrise pour l’éviter. Pourtant la grande majorité des accidents relèvent d’une mauvaise appréciation du risque associée à des infractions au Code de la route
Bernadette Moreau
Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable
79% des conducteurs français reconnaissent ne pas toujours respecter les règles du Code de la route (75% des conducteurs européens). Les récalcitrants français réguliers (25% ; 21%) sont plus souvent des hommes (28% contre 22% des femmes), des jeunes (36% des moins de 35 ans, contre 28% des 35-64 ans et 11% des 65 ans et plus) et des habitants des zones rurales (28%).
De même, les Français reconnaissent prendre certaines libertés vis-à-vis des règles sanitaires – mais dans une moindre mesure par rapport au Code de la route : 68 % (soit 11 points de moins ; 70% des Européens, soit 5 points de moins) avouent des écarts vis-à-vis des consignes (gestes barrière, confinement, couvre-feu…). D’ailleurs, 32% des Français disent ne jamais faire d’écarts avec les règles sanitaires (30% des Européens) contre 21% s’agissant du Code de la route (soit 11 points de moins ; 25%, soit 5 points de moins). Parmi les récalcitrants réguliers (25% ; 31%) on retrouve aussi plus souvent des jeunes (39% des moins de 35 ans, contre 26% des 35-64 ans et 10% des 65 ans et plus) et des habitants des grandes villes (32%).
La première raison avancée pour expliquer le non-respect de la règle par ceux qui s’accordent des écarts est la même, qu’il s’agisse des consignes sanitaires ou du Code de la route : selon eux, les règles ne seraient pas toujours adaptées à la situation ou cohérentes (60% l’affirment à propos du Code de la route contre 48% concernant les règles sanitaires ; 52% vs. 45% chez les Européens). Le sentiment que certaines règles seraient uniquement destinées à délivrer des sanctions est nettement plus répandu en ce qui concerne le Code de la route (28% ; 29%) que les consignes sanitaires (12% ; 15%). A l’inverse, l’argument d’une vigilance particulière, qui autoriserait à s’affranchir des règles, est bien plus invoqué en ce qui concerne la prudence sanitaire (40% des Français ; 42%) que la prudence sur la route (23% ; 22%).
Quant au respect des règles, il semble avant tout motivé par la finalité de celles-ci, à savoir prévenir les risques - accident ou contamination -, la crainte de la sanction étant, dans tous les cas, la motivation la moins forte. Par ailleurs, le souci d’autrui est nettement plus prégnant dans le domaine sanitaire (51% l’invoquent ; 45%) que sur la route (34% ; 33%), a fortiori lorsqu’il s’agit de son entourage proche (29% vs. 19% en France ; 23% vs. 11% en Europe). Sur la route, c’est la préoccupation de sa propre sécurité qui prime (33% vs. 28% ; 26% vs. 27%). Une spécificité française : la confiance dans la pertinence de la règle ne motive que faiblement son respect (20% pour le Code la route, 10 points de moins que la moyenne européenne vs. 10% pour les règles sanitaires, 7 points de moins que la moyenne européenne). De même, la peur de la sanction intervient peu dans le respect de la règle (13% pour le Code de la route vs. 11% pour les règles sanitaires ; 11% dans les deux situations pour les Européens).
Plus lucides quant à leur comportement, les Français sont nettement plus nombreux que la moyenne des Européens à admettre comme probable une part de responsabilité s’il leur arrivait un accident (52% vs. 34% des Européens) ou s’ils étaient contaminés (49% vs. 40%).
Et pourtant, malgré cette plus forte conscience de leur responsabilité, les conducteurs français sont particulièrement nombreux à ne pas respecter les règles de base du Code de la route :
Malgré une légère baisse, les conducteurs restent très conscients des dangers de l’inattention : 43% des Français (-3 points ; 54% des Européens) l’identifient parmi les principales causes d’accidents mortels sur les routes en général et 33% (-3 ; 40%) sur les autoroutes. Ils sont d’ailleurs 1 sur 10 en France (11% en Europe) à avoir déjà eu, ou failli avoir, un accident à cause de l’utilisation du téléphone au volant.
Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à adopter des comportements dangereux liés aux distracteurs lorsqu’ils sont au volant :
En cette période particulière, les conducteurs français se montrent un peu moins critiques vis-à-vis de leurs compatriotes au volant : ils les jugent un peu moins stressés (29%, -6 points ; 32% des Européens ; -6) et agressifs (26%, -7 ; 27%, -2), et plus vigilants (16%, +4 ; 18%). Pour autant, les autres conducteurs ne trouvent toujours pas grâce à leurs yeux : 83% (-6 points ; 79%, -4) citent au moins un adjectif négatif pour les décrire, les jugeant avant tout irresponsables (47% ; +2 points par rapport à 2020 ; 46%) et dangereux (37%, -3 ; 26%, -2). Constants dans leur jugement sur eux-mêmes, ils sont 95% à s’attribuer au moins un adjectif positif pour décrire leur propre conduite (97%) et seulement 17% (-3 points ; 12%, -2) à admettre au moins un défaut.
Un certain nombre de conducteurs ont cependant conscience que la voiture influe négativement sur leur comportement. Ainsi, 16% des conducteurs français (-4 points ; 12% des conducteurs eurpéens, -4) admettent ne plus être vraiment la même personne lorsqu’ils sont au volant et s’estiment plus nerveux, impulsifs ou agressifs que dans la vie quotidienne. Pour 15% d’entre eux (-2 ; 18%), la protection créée par l’habitacle de la voiture les amène à se sentir comme « dans une bulle » et à faire moins attention aux autres. Plus d’1 Français sur 10 (12% ; et 13% des Européens) va même jusqu’à penser que sur la route, « c’est chacun pour soi ».
L’agressivité au volant et les incivilités marquent un léger recul par rapport à 2020 mais demeurent très élevées : 65% des conducteurs reconnaissent qu’il leur arrive d’injurier un autre conducteur (-5 points ; 52% des conducteurs européens, -3), 53% (-3 ; 47%, -4) de klaxonner de façon intempestive, 33% (30%, -3) de coller délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve, 26% (30%, -4) de doubler à droite sur l’autoroute. Cette inflexion mérite cependant d’être relativisée, tant en France qu’en Europe, puisque 19% des conducteurs (20% des Européens) n’hésitent pas à descendre de leur véhicule pour s’expliquer et que la part de ceux qui déclarent qu’il leur arrive d’avoir peur du comportement agressif d’un autre conducteur demeure aussi à son plus haut niveau (88% ; 84%).
Les Français apprécient cependant les petits gestes de civilité. Ainsi, lorsqu’ils sont en voiture et qu’un conducteur les laisse passer en faisant un signe de politesse, ils considèrent en moyenne que le niveau de bien-être que ce petit geste leur procure est de 8,3/10 (8,2/10 pour les Europ éens). De même, quand ils laissent passer une voiture et que son conducteur leur fait un signe pour les remercier, le niveau de bien-être est de 8,2/10 en moyenne (8,3/10). Enfin, quand une personne s’excuse pour son erreur de conduite, en faisant un signe de la main, ils évaluent leur sentiment de bien-être à 7,8/10 (idem)
Interrogés sur les principales causes d’accidents mortels sur autoroute, pour la première fois depuis 2014, les Français identifient la somnolence en 2e position (38%), désormais juste derrière le facteur vitesse (39%). Ils restent néanmoins plus conscients de ce risque que leurs homologues européens, qui la placent en 4e position (20%)
Les conducteurs français sont toujours nombreux à déclarer que la somnolence a été à l’origine d’un accident ou d’un incident dans lequel ils ont été impliqués :
Cependant, les conducteurs français sont encore 22% (-6) à considérer que l’on peut conduire en état de fatigue (24% des conducteurs européens, -4) et 39% (-8) le font effectivement, même s’ils se sentent très fatigués, parce qu’ils y sont contraints (35%, -9).
Pour les longs trajets, certaines pratiques, qui peuvent être à l’origine de somnolence au volant, régressent légèrement mais restent encore trop répandues :
Parallèlement quelques bons réflexes, pourtant très efficaces pour prévenir la somnolence, sont en recul :
Et même si le nombre d’heures de conduite avant de faire une pause diminue légèrement : 2h50 (-2 min) pour les Français et 3h02 pour les Européens (-4 min), la recommandation d’une pause toutes les 2 heures n’est toujours pas respectée par 41% des Français (40%, -5) alors même qu’elle est connue par 92% d’entre eux (73%). Parmi ceux qui ne respectent pas ce conseil, 63% indiquent qu’ils ne s’arrêtent que lorsqu’ils se sentent vraiment fatigués (47%) et 19% considèrent que cette recommandation est trop stricte et qu’elle n’est pas adaptée pour eux (18%). 10% estiment quant à eux qu’ils sont trop pressés pour faire une pause toutes les 2 heures (8%).
En moyenne chaque semaine, plus de 2 véhicules d’intervention sont percutés sur le réseau autoroutier ; une tendance qui se confirme en ce début d’année malgré la réduction des déplacements liés au confinement.
Ces heurts de fourgons sont le plus souvent le fait de comportements dangereux de la part des conducteurs à l’origine des accidents :
En France, la règle du « corridor de sécurité » a été intégrée au Code de la route en septembre 2018. Sanctionnée par une amende forfaitaire de 135 € et une perte de points selon l’infraction, elle vise à mieux protéger le personnel en intervention sur une route, une voie rapide ou une autoroute. C’est une barrière virtuelle que les conducteurs doivent respecter pour s’éloigner au maximum des intervenants et leur assurer un périmètre de protection.
Pourtant, plus d’1 conducteur français sur 4 (28%) ne connaît toujours pas cette règle ; une proportion légèrement inférieure (21%) chez les détenteurs du permis de conduire depuis moins de 3 ans. Au global, c’est près de 7 conducteurs sur 10 (69%, -4) qui admettent ne pas la respecter systématiquement.
Interrogés sur les principales causes d’accidents impliquant le personnel d’intervention sur autoroute, les conducteurs français citent en premier lieu la vitesse (67%), suivie de près par l’inattention au volant (60%) puis le non-respect des distances de sécurité (53%).
Seuls 10% des conducteurs français mentionnent le manque de visibilité des véhicules ; un résultat peu étonnant puisque toute intervention s’accompagne d’un dispositif de signalisation très visible de loin (gyrophares, flèches lumineuses sur le toit des fourgons...) … pour autant que l’attention du conducteur se porte sur la route …
La somnolence au volant n’est mentionnée qu’en dernier, par seulement 9% des Français interrogés.
Pourtant, dans 2 accidents sur 33 impliquant du personnel en intervention, l’inattention et la somnolence des conducteurs sont en cause.
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