La Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats d’une étude inédite sur le « Partage de la route ». À l’instar du Baromètre de la conduite responsable, cette enquête, réalisée par Ipsos, dresse un état des lieux des comportements des Européens confrontés à la cohabitation entre différents modes de déplacement.
À l’instar du Baromètre de la conduite responsable, cette enquête, réalisée par Ipsos, dresse un état des lieux des comportements des Européens confrontés à la cohabitation entre différents modes de déplacement ; qu’ils soient automobilistes, conducteurs de deux-roues motorisés, cyclistes, utilisateurs d’engin de déplacement personnel motorisé (EDPM)1 ou piétons. Quel est leur état d’esprit lorsqu’ils se déplacent ? Quelle attention portent-ils aux autres usagers de la route ? Respectent-ils les règles du code de la route ? Est-ce que l’utilisation de différents modes de déplacement a un impact sur leur comportement ? À l’heure de l’accélération du développement des modes de déplacement actifs2, en particulier du vélo, le partage de la route, et plus largement de l’espace public, requiert une faculté d’adaptation de chacun pour garantir des déplacements sûrs et apaisés pour tous. Les réponses de 12 400 Européens, dont 2 400 Français, témoignent de la nécessité de sensibiliser l’ensemble des usagers au respect d’autrui et des règles, de façon à permettre une coexistence harmonieuse des usages.
La voiture est, et demeure, le premier mode de déplacement en France3 et en Europe. Toutefois, pour leurs trajets quotidiens, les Français et les Européens sont aussi adeptes des modes actifs. Les Français sont 59 % à se déplacer régulièrement à pied, soit 7 points de moins que la moyenne des Européens (66 %), et 13 % à utiliser régulièrement un vélo, soit 9 points de moins que les autres Européens (22 %). Ils sont aussi 5 % à utiliser régulièrement un deux-roues motorisé (7 %) et 5 % une trottinette ou un hoverboard (3 %). Sans surprise, ce sont les Néerlandais qui utilisent le plus régulièrement le vélo (60 %), largement devant les Belges (26 %), les Polonais (25 %) et les Allemands (25 %). Les Français se placent en 9e position (sur 11 pays européens sondés), juste devant les Britanniques (8 %) et les Espagnols (7 %). En ce qui concerne la marche à pied, ce sont les Espagnols qui la pratiquent le plus (77 %), et les Belges le moins (51 %).
La diversité des modes de déplacement (voitures, deux-roues motorisés, vélos, EDPM, marche à pied) et l’évolution de leur part respective, dans un espace public contraint, rend la cohabitation entre les différents usagers complexe et souvent difficile. Une très large majorité d’usagers témoigne d’un climat particulièrement tendu sur la route. Cette inquiétude peut être liée à des comportements à risques de la part d’autres usagers. C’est ce que mentionnent 96 % d’entre eux (93 %) et plus particulièrement :
Les piétons sont également très affectés par les prises de risques des autres usagers. Ainsi, ils sont 94 % à avoir peurqu’un automobiliste ne s’arrête pas pour les laisser passer, alors qu’ils sont engagés sur un passage piéton (90 %), et 78 %craignent qu’un vélo, une trottinette ou un hoverboard les frôle sur un trottoir (63 %).
La peur de l’agressivité des conducteurs motorisés est aussi très largement soulignée par l’ensemble des usagers : 88 % des automobilistes (84 %), 85 % des motards (84 %) et 82 % des cyclistes (81 %).
Les nombreuses prises de risques et infractions relevées parmi toutes les catégories d’usagers exposent particulièrement les plus vulnérables, et créent des tensions vécues et dénoncées par tous. Dans un espace contraint, le respect du code de la route et l’attention à autrui sont les conditions indispensables à des déplacements apaisés et sûrs. L’expérience pacifiée du partage de la route mériterait d’être comprise par chacun comme une opportunité à s’exercer à la citoyenneté et au vivre-ensemble.
Bernadette Moreau
Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
Alors même que l’utilisation du téléphone est reconnue comme l’une des principales sources de distraction, à l’origine de nombreux accidents, plus de la moitié des automobilistes, des motards et des piétons téléphonent en conduisant ou en marchant :
Le non-respect d’un feu rouge ou du « petit bonhomme » rouge pour les piétons peut être fatal pour soi-même et pour les autres usagers de la route. Pourtant, cette infraction est largement admise à la fois par les conducteurs, les cyclistes et les piétons. Ainsi :
L’aménagement de la ville et des voiries doit assurer le partage de la route entre les différents modes de déplacement, et l’évolution des mobilités nécessite des adaptations en fonction des nouveaux besoins. Pour autant, même dans un espace contraint, le respect des espaces réservés à certaines catégories d’usagers plus vulnérables doit primer afin d’assurer leur sécurité. Manque d’espace, densité du trafic, recherche de sécurité, etc. autant de fausses « bonnes raisons » pour empiéter sur les espaces réservés à d’autres usagers de la route et les mettre en danger. À chaque type d’usagers, ses mauvais
comportements avoués :
Savoir se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses contraintes et sa vulnérabilité est l’un des bénéfices de l’usage de plusieurs modes de déplacement.
54 % des conducteurs utilisent au moins un mode de déplacement autre que la marche - deux-roues motorisé, vélo, trottinette, etc. – (65 % des Européens - 84 % des Néerlandais et 40 % des Britanniques). Or, 84 % d’entre eux déclarent faire preuve d’une plus grande prudence vis-à-vis des autres usagers de la route – vérification des angles morts, respect des pistes cyclables et des places réservées aux personnes en situation de handicap, vigilance en ouvrant la portière, etc. – (77 %) et 82 % disent avoir une plus grande conscience de la vulnérabilité des autres usagers de la route (75 %).
Parmi les automobilistes qui utilisent régulièrement le vélo, 77 % considèrent qu’un trajet à vélo leur demande de faire plus attention qu’en voiture (80 % des hommes et 74 % des femmes ; 65 %) et 42 % estiment qu’ils respectent plus la signalisation que lorsqu’ils sont en voiture (38 %).
En France, en 2021, la pratique du vélo a continué à se développer significativement par rapport à 2019 : elle a augmenté de 31 % en milieu urbain, 20 % en zone périurbaine et 14 % en zone rurale. Pendant la même période, le nombre de cyclistes tués en agglomération a augmenté de 7 % (37 % hors agglomération6).En France, la pratique régulière du vélo est très inférieure à la moyenne européenne, et les hommes sont presque deux fois plus nombreux que les femmes à circuler régulièrement à vélo : 16 % vs. 9 % (20 % vs. 24 %). En revanche l’usage ponctuel du vélo rejoint la moyenne européenne (37 % vs. 38 %) et la différence entre les hommes et les femmes est aussi moins marquée (43 % vs. 32 %).
Le sentiment de sécurité à vélo, qui est un facteur important pour le développement de sa pratique, varie significativement selon les pays. Alors qu’en moyenne, en Europe, 82 % des cyclistes se sentent en sécurité lorsqu’ils se déplacent à vélo, cette proportion passe de 96 % pour les Néerlandais à 60 % pour les Français (soit 36 points de moins). Ils sont d’ailleurs ceux qui se sentent le moins en sécurité parmi les 11 pays observés. Sur cet aspect, la France se distingue également par rapport à la moyenne européenne, par une différence nette entre les hommes et les femmes : si 66 % des cyclistes français se sentent en sécurité à vélo, les cyclistes françaises ne sont que 50 % à partager ce sentiment (83 % vs. 81 %).
Le port du casque à vélo pour les adultes n’est obligatoire dans aucun des pays couverts par l’enquête, à l’exception de l’Espagne où il est recommandé en zones urbaines et obligatoire en dehors de celles-ci. En France, 45 % des cyclistes réguliers en portent fréquemment (28 %). C’est nettement moins que les cyclistes espagnols (67 %) mais beaucoup plus que les cyclistes néerlandais (5 %). Les cyclistes français sont néanmoins 26 % à déclarer ne jamais en porter (45 %).
En milieu urbain, très souvent, c’est la mauvaise appréciation de l’angle mort, par les conducteurs de véhicules lourds (poids lourd, bus, car), ou par les cyclistes, qui expose plus particulièrement ces derniers. Du coté des cyclistes, 53 %
d’entre eux (46 %) reconnaissent ne pas savoir, ou ne pas être certains, que leur position leur permette d’être vus.
Une meilleure compréhension de ce risque par les conducteurs et les cyclistes est donc nécessaire pour que chacun adapte sa conduite afin de prévenir ce type d’accidents aux conséquences souvent graves.
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