23 novembre 2021
Alors que les accidents de la circulation sont la cause de près de la moitié des morts violentes des jeunes de 15 à 24 ans et qu’un adolescent hospitalisé sur quatre l’est à la suite d’un accident de la route, la Fondation VINCI Autoroutes et la Fondation MAIF publient les résultats d’une étude inédite réalisée dans le cadre de leurs programmes de recherche respectifs dédiés à la prévention des risques routiers.
L’étude ECARR2 avait un double objectif :
Elle a été pilotée par le Professeur Ludovic Gicquel, Chef du pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du Centre hospitalier Henri Laborit de Poitiers, en coordination avec Lucia Romo, Professeur de psychologie clinique à l’université de Paris Nanterre - Hôpital Universitaire Raymond Poincaré de Garches (AP-HP), Sabrina Julien-Sweerts, Docteur en psychologie clinique, maître de conférences en à l’université de Reims Champagne-Ardenne et le Professeur Pierre Ingrand du département de biostatistiques de l’université de Poitiers.
2 234 jeunes ayant été admis dans des services d’urgence après avoir été blessés dans un accident de la circulation ont été interrogés et près de 300 jeunes ont participé à l’évaluation de l’efficacité de la prise en charge thérapeutique.
Les résultats font apparaitre que près d’un tiers des jeunes inclus dans l’étude après un accident, car repérés à risque de récidive, ont eu effectivement un nouvel accident dans l’année qui a suivi. Cependant, le taux de récidive a été diminué de 50% lorsque les jeunes concernés ont bénéficié de la prise en charge thérapeutique proposée dans l’étude.
Pour certains adolescents et jeunes adultes, la survenue d’un accident n’est pas le fruit du hasard, et celle d’un nouvel accident n’est pas non plus une fatalité. Grace à l’étude ECARR2, il est à présent possible, chez un jeune qui se présente aux urgences à la suite d’un accident de la voie publique, de repérer le risque qu’il soit de nouveau victime d’un accident de la circulation. Cette étude a également permis de mettre en évidence qu’un accompagnement psychologique bref permettait de réduire de 50% le risque de récidive d’un accident
Professeur Ludovic Gicquel
Chef du pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du Centre hospitalier Henri Laborit de Poitiers
Le projet ECARR2 fait suite à une première étude ECARR (Echelle d'Evaluation des Circonstances de l'Accident et du Risque de Récidive), réalisée par la même équipe de recherche, qui permet d’identifier le niveau de risque de récidive d’un jeune ayant déjà eu un accident (tous types).
Le projet ECARR2 s’intéresse exclusivement aux risques d’accident de la circulation. Il s’est fixé deux objectifs :
La première phase de l’étude a consisté à repérer les adolescents et les jeunes adultes à risque de récidive, dès leur admission aux urgences à la suite d’un accident de la route (en tant que conducteur, passager ou piéton) et à définir leur profil psychologique grâce à plusieurs questionnaires dont ECARR.
Une fois ces questionnaires analysés et lorsque que le score ECARR est supérieur ou égal à 5, c’est-à-dire avec un risque de récidive élevé dans les 4 à 9 mois, l’équipe de chercheurs encadrants a proposé aux sujets concernés de participer au protocole. Ils ont ainsi été affectés de façon randomisée (aléatoire) dans le groupe témoin ou dans le groupe d’intervention thérapeutique visant à éviter la récidive.
Les 144 adolescents et jeunes adultes bénéficiant du protocole thérapeutique ont été invités à participer à trois séances d’intervention psychologique, animées par des psychologues, au cours du mois suivant l’accident. Ces trois séances étaient le plus souvent réalisées en petit groupes (2 à 5 sujets) et parfois en individuel.
L’organisation et le contenu thématique des séances ont été élaborés par l’équipe de recherche à partir des données de la littérature (rôle de la dépression, de l’anxiété, de l’impulsivité, de la consommation d’alcool ou de stupéfiants). Les séances d’intervention psychologique reposent sur des techniques de renforcement positif, de psychoéducation, d’entretien motivationnel, de restructuration cognitive et de gestion émotionnelle. Chaque séance est consacrée à un thème :
Les travaux des chercheurs ont permis de mettre en évidence les résultats suivants :
Il apparait également que les facteurs qui influent de manière significative sur la fréquence des récidives d’accidents de la circulation sont la difficulté voire l’incapacité à rester concentré sur une tâche, et la dépression.
L’étude met en lumière l’efficacité de l’action thérapeutique dans la diminution des récidives d’accidents de la circulation chez les adolescents et jeunes adultes repérés à risque. Cette efficacité semble maximale dans les 6 mois suivant l’accident initial, ce qui tend à plaider pour une répétition des soins avec un rythme à définir chez ces sujets repérés à risque, afin de maintenir dans la durée l’effet de l’action thérapeutique, notamment en agissant sur le niveau de persévérance, pour augmenter la capacité d’attention et la motivation.
Les récidives survenues malgré tout chez les personnes ayant bénéficié du programme thérapeutique pourraient être ainsi principalement liées à leur très faible capacité à rester concentrée sur une tâche. Cependant, cette vulnérabilité semble avoir été minorée par l’intervention thérapeutique, principalement durant les six premiers mois après l’accident initial.
Le rapport d’étude ECARR2 met, avant tout, en lumière :
En supposant une généralisation du dispositif ECARR dans les services des urgences et en partant des statistiques annuelles des accidents de la route, il serait raisonnable de projeter une prévention de plusieurs centaines de blessés et de quelques dizaines de décès.
La surexposition des jeunes au risque d’accident de la circulation nécessite une approche globale. Pour que le nombre de jeunes victimes d’accidents de la circulation diminue sensiblement, il faut conjuguer les connaissances issues d’études scientifiques permettant de mieux identifier les comportements à risque et leurs origines avec des actions et des campagnes de prévention ciblées. En finançant ces recherches et en réalisant des opérations de sensibilisation spécifiques, la Fondation VINCI Autoroutes prend sa part dans une telle démarche.
Bernadette Moreau
Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
La fondation MAIF est particulièrement sensible à toutes les recherches scientifiques qui visent à comprendre les comportements, d’autant que, trop souvent, ils sont à la source des accidents. Et dans certains cas, comme celui de la récidive trop fréquente, la prévention traditionnelle reste peu efficace. Avec une approche individualisée, plus thérapeutique et psychologique qu’une démarche fondée sur la connaissance des risques et l’information, le projet ECARR2 a prouvé sa grande efficacité. Il offre des perspectives significatives pour détecter et aider des jeunes qui se mettent régulièrement en danger
Marc Rigolot
Directeur de la Fondation MAIF
L’étude ECARR2 a déjà fait l’objet de plusieurs articles dans des revues scientifiques. D’autres sont à venir.
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