20 février 2016
Des conducteurs sûrs d’eux-mêmes, qui peinent à adopter des comportements responsables
Après deux années consécutives de hausse de la mortalité routière, la Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable dresse, à la veille des départs en vacances de la zone C, un état des lieux des comportements des Français au volant. Quel regard portent-ils sur l’insécurité routière et sur leur propre conduite? Sur la route, sont-ils respectueux des règles et des autres conducteurs ? Quelle est l’incidence des distracteurs sur leur conduite? Savent-ils gérer leur fatigue au volant? 3610 Français, représentatifs de la population de chacune des nouvelles régions, ont été interrogés par Ipsos dans le cadre de l’édition 2016 du Baromètre de la conduite responsable.
68% des Français sont conscients que le nombre de victimes sur la route a augmenté en 2015. Ces mauvais résultats semblent avoir entamé leur optimisme. Après deux ans de hausse de la mortalité routière, le fatalisme est en forte augmentation: 45% des Français (en progression de 6 points par rapport à l’année dernière et de 12 points par rapport à 2014) estiment en effet qu’il sera difficile de faire baisser de façon importante le nombre de personnes tuées sur les routes dans les années à venir.
Dans le même temps, les Français semblent peu disposés à se remettre en cause pour être les acteurs d’un changement, tant ils ont une image exemplaire de leurs qualités de conducteurs. Lorsqu’ils décrivent leur attitude au volant, la quasi-totalité (96%) d’entre eux emploie en effet au moins un adjectif positif : « vigilant» (75%), « calme » (49%), « courtois » (25%). Ils ne sont à l’inverse que 12% à se reconnaître « stressés », 4% à admettre être « agressifs »… et moins de 1% à se voir comme « irresponsables » ou «dangereux ». Cette complaisance envers soi-même s’accompagne d’un sentiment de toute-puissance, puisque seuls 6% d’entre eux s’estiment vulnérables sur la route. En revanche, lorsqu’ils parlent des autres conducteurs, les Français se montrent nettement moins indulgents, puisqu’ils sont 90% à citer au moins un adjectif négatif: ils jugent les autres «irresponsables » (49%), «dangereux » (40%), « stressés » (32%) et « agressifs » (31%).
De fait, les comportements peu respectueux d’autrui se multiplient sur la route, notamment en Île-de-France. 85% des conducteurs reconnaissent qu’il leur arrive d’avoir peur du comportement agressif des autres conducteurs (90% parmi les Franciliens), 65% qu’il leur arrive eux-mêmes de les injurier (69% en Île-de-France et en région PACA), 53% de klaxonner de manière intempestive (60% en Île-de-France), 26% de doubler à droite sur l’autoroute (53% parmi les Franciliens, contre seulement 15% parmi les résidents de Bourgogne-Franche-Comté) ou encore 14% de descendre de leur véhicule pour s’expliquer (19% des Franciliens).
Les conducteurs français continuent à s’affranchir largement des règles de sécurité élémentaires : ils sont 92% à dépasser de quelques kilomètres/heure la vitesse autorisée, alors même qu’ils sont 47% à identifier la vitesse comme l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes. De même, 76% d’entre eux ne respectent pas les distances de sécurité, 65% oublient de mettre leur clignotant et 50% circulent sur la voie du milieu sur autoroute alors que la voie de droite est libre.
Si 45% des Français considèrent l’inattention comme l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes, l’usage des distracteurs au volant continue pourtant de croître de façon inquiétante. Plus d’un conducteur sur 4 (26%) — et 1 sur 2 (51%) parmi les 25-34 ans — envoient ou lisent des SMS ou des mails en conduisant. La conversation téléphonique est aussi très ancrée dans les pratiques : 41% des conducteurs téléphonent avec un système de conversation Bluetooth et un haut-parleur intégré, une pratique certes autorisée par la loi mais tout aussi risquée. Les conversations avec une oreillette, un casque ou des écouteurs perdurent (17%) malgré leur interdiction depuis juillet 2015. Plus d’un conducteur sur 5 (22%) admet même téléphoner sans kit mains libres alors que cette pratique est interdite depuis 2003. Paramétrer son GPS tout en conduisant est également de plus en plus fréquent, en particulier en Île-de-France : 36% des Français le font (+5 points par rapport à l’année dernière) et 47% des Franciliens (soit 18 points de plus que les Bretons, par exemple). Signaler aux autres conducteurs un événement via une application smartphone ou un outil d’aide à la conduite est aussi un comportement qui se répand au volant (15% le font, en progression de 3 points), particulièrement parmi les hommes de moins de 35 ans (28%)
Bien qu’ils désignent la conduite sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiants comme la principale cause d’accidents mortels sur les routes, 16% des conducteurs français admettent qu’il leur arrive de prendre le volant en étant au-dessus de la limite d’alcool autorisée. En moyenne, les Français ne s’interdisent de prendre le volant qu’après 2,5 verres, soit davantage que la limite autorisée (équivalente à 2 verres, sauf pour les jeunes conducteurs). Ce comportement à risque reste deux fois plus courant chez les hommes (22%) que chez les femmes (11%). C’est en Bretagne que l’on rencontre la proportion la plus importante de conducteurs admettant parfois conduire en étant alcoolisés (20%, contre 13% en région Centre-Val de Loire).
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