02 juin 2021
La Fondation VINCI Autoroutes pour une conduite responsable publie les 1ers résultats d’une étude inédite sur le comportement au volant et la santé des conducteurs de poids lourd. 515 conducteurs de 17 nationalités différentes - dont 50% de Français - ont été interrogés sur plusieurs aires d’autoroutes dans le cadre d’une enquête terrain pilotée conjointement par Patricia Delhomme, Directrice de recherche au Laboratoire de psychologie et d’ergonomie appliquées de l’Université Gustave Eiffel et par Loïc Josseran, Professeur de santé publique, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Hôpital Raymond Poincaré de Garches (AP-HP).
L’objectif des chercheurs et de la Fondation VINCI Autoroutes est de mieux connaître les comportements des conducteurs de poids lourd pour mieux orienter les messages de prévention qui leurs sont destinés, aussi bien concernant leur sécurité - et celle des autres usagers - que leur santé.
Dans cet objectif, une opération de sensibilisation a été organisée ce mardi 1er juin par la Fondation VINCI Autoroutes, en partenariat avec la Fondation Carcept Prev, sur 3 aires du réseau VINCI Autoroutes. Les conducteurs de poids lourd ont été invités à participer à plusieurs ateliers animés par des spécialistes du sommeil, des nutritionnistes, des sophrologues, des préparateurs sportifs et les ambassadeurs des deux fondations, pour les informer sur les risques et leur donner des conseils pratiques pour mieux les prévenir.
La spécificité du métier de conducteur de poids lourd, qui nécessite une présence quotidienne sur les routes, leur apporte une grande expérience de la conduite. Pour autant celle-ci ne les prémunit pas contre les comportements à risques, liés notamment à l’usage - désormais généralisé sur la route - des distracteurs, aux sautes de concentration ou à la somnolence ; autant de facteurs d’accidents qui peuvent avoir des conséquences lourdes pour eux-mêmes ainsi que les autres usagers et intervenants sur la route. Les longs trajets et l’éloignement du domicile pendant plusieurs jours, sont des freins à l’adoption d’une bonne hygiène de vie, et peuvent avoir des conséquences délétères sur la santé. Les opérations de sensibilisation sur les aires, ou via les réseaux sociaux, doivent contribuer à informer et orienter les conducteurs en demande d’accompagnement.
Bernadette Moreau
Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
A l’instar d’autres enquêtes menées auprès de cette catégorie professionnelle, les conducteurs de poids lourd interrogés sont plutôt satisfaits de leur vie professionnelle, estimant que leur métier leur procure un sentiment de liberté et appréciant le caractère indépendant de leur travail. Parmi les principales contraintes de leur activité, sur une échelle allant de 1 « pas du tout » à 5 « tout à fait », ils mentionnent :
Par ailleurs, pour améliorer leur confort et leur hygiène de vie lors des pauses, ils souhaiteraient pouvoir bénéficier de plus de services sur les aires et avoir la possibilité de mieux sécuriser leur marchandise contre les risques de vols qu’ils considèrent comme élevés.
Avec une expérience de conduite d’un poids lourd de 22 ans en moyenne, les conducteurs interrogés font largement preuve de confiance en leurs capacités de conduite. Ils s’attribuent ainsi en moyenne, sur une échelle de 1 à 5, une note supérieure à 4 pour gérer les manoeuvres sur les parkings ou à quai (4,5), gérer les descentes (4,4), anticiper et gérer les dangers de la route, conserver des distances de sécurité et gérer leur fatigue (4,3).
Contrairement aux idées reçues, la responsabilité présumée des accidents mortels impliquants des poids lourds et des véhicules légers, incombe à 37% aux conducteurs de poids lourds et à 68% aux automobilistes 1. D’ailleurs, les conducteurs de poids lourds sont 76% à considérer qu’il est probable qu’ils aient un accident avec un véhicule léger. C’est l’insertion entre deux camions qui se suivent qui est la situation à risque la plus fréquemment citée (62%), devant une queue de poisson (54%), un dépassement suivi d’une vitesse réduite devant le poids lourd (41%) et un freinage brusque devant le poids lourd (39%).
A l’instar de l’ensemble des conducteurs, dont les comportements au volant sont analysés chaque année par la Fondation VINCI Autoroutes dans le cadre du Baromètre de la conduite responsable 2, les conducteurs de poids lourd sont très connectés. Lorsqu’ils sont au volant, ils ont un usage intensif des outils connectés qui devient une source de distraction importante :
A l’instar de l’ensemble des conducteurs, dont les comportements au volant sont analysés chaque année par la Fondation VINCI Autoroutes dans le cadre du Baromètre de la conduite responsable 2, les conducteurs de poids lourd sont très connectés. Lorsqu’ils sont au volant, ils ont un usage intensif des outils connectés qui devient une source de distraction importante :
Signe de ces situations de manque de vigilance, près d’un conducteur de poids lourd sur 2 (49%) déclare avoir roulé sur les bandes rugueuses en bordure des voies au cours de l’année précédant l’enquête, et explique ces franchissements en premier lieu par l’inattention liée à l’usage du téléphone ou du GPS (45%), puis par la volonté de se guider par le bruit lorsqu’ils franchissent des bandes (34%) mais aussi par la somnolence (29%). Ils sont d’ailleurs 82% à estimer que les bandes rugueuses les ont aidés à reprendre une trajectoire normale, et 49% à considérer qu’elles les ont réveillés.
Par ailleurs, la difficulté de concentration ou le « vagabondage de l’esprit » (mind wandering) est largement identifié comme source d’accidents ou de presque accidents. Ainsi, 22% des conducteurs de poids lourd ayant eu un presque accident dans l’année précédant l’enquête l’expliquent par un déficit de concentration (et 16% de ceux qui ont eu un accident dans les trois années précédant l’enquête). La fatigue est mentionnée par 17% des conducteurs ayant eu un presque accident (10% de ceux ayant eu un accident dans les 3 ans).
La distraction liée au fait de faire autre chose que la conduite est évoquée par 9% des conducteurs ayant eu un presque accident (5% de ceux ayant eu un accident dans les 3 ans) et la somnolence par 7% des conducteurs ayant eu un presque accident dans l’année (et 4% de ceux ayant eu un accident dans les 3 ans).
Plus globalement, l’étude fait apparaitre que les conducteurs sujets à un déficit de l’attention ont effectivement eu plus d’accidents (2,5/6 vs. 2,3/6 pour les conducteurs qui n’ont pas de difficultés de concentration). Il en est de même des conducteurs les plus exposés à l’endormissement3 (2,2/4 vs. 2,0/4 pour les conducteurs qui n’ont pas de risque de s’assoupir).
Parmi les recommandations qui peuvent être formulées à partir des enseignements de cette étude, figurent le développement d’actions de prévention, voire de formations, à destination des autres usagers de la route, pour les sensibiliser aux problématiques spécifiques rencontrées par les conducteurs de poids lourd (par exemple les angles morts), l’intégration dans l’ensemble des services qui leur sont proposés de la diversité linguistique inhérente à leur métier, ou encore l’installation à proximité des parkings qui leur sont réservés de dispositifs permettant de pratiquer des exercices physiques (agrès, parcours santé, …).
Patricia Delhomme
Directrice de recherche au Laboratoire de psychologie et d’ergonomie appliquées de l’Université Gustave Eiffel
Les poids lourds représentent 14% du trafic sur autoroute mais sont impliqués dans plus d’1 accident sur 2 affectant du personnel en intervention. Une situation qui s’explique notamment par le fait que ceux-ci circulent majoritairement sur la partie droite de la chaussée où se trouvent plus fréquemment les intervenants et les balisages. Les conducteurs de poids lourd ont bien conscience des circonstances qui peuvent générer un accident avec un patrouilleur ou un véhicule d’intervention. Pour eux, le risque le plus fort apparaît lorsqu’ils sont dépassés par un autre poids lourd, alors qu’ils déboitent pour éviter le véhicule d’un patrouilleur en intervention (2,9 sur une échelle de 1 « très faible » à 5 « très importante »), puis lorsqu’ils sont derrière un camion et qu’ils ne voient le patrouilleur qu’au moment où ce camion déboite devant eux (2,7/5) et enfin dans une situation impliquant uniquement un patrouilleur (1,25/5).
De par la nature de leur métier, qui les am ène à être le plus souvent hors de leur foyer et sur la route, les conducteurs de poids lourd ont, pour beaucoup, des difficultés à avoir une alimentation équilibrée et à pratiquer une activité sportive régulière. Ils sont ainsi 73% à être en surcharge pondérale (surpoids ou obésité selon l’indice de masse corporelle - IMC) et cette proportion est partagée par l’ensemble des nationalités. 1 conducteur de poids lourd sur 4 (25%) présente un indice de masse corporelle normal. La répartition par âge fait apparaître que les 18- 24 ans sont majoritairement de poids normal (50%) ou en surpoids (28%), que les 25-54 ans sont majoritairement en surpoids (45%) ou de poids normal (30%) et que les 55-64 ans sont très touchés par le surpoids (55%) et l’obésité (33%).
Interrogés sur la qualité de leur alimentation, les conducteurs de poids lourd sont partagés : 33% la jugent équilibrée, 33% la considèrent déséquilibrée et 34% ne savent pas la qualifier.
Moins d’un tiers des conducteurs de poids lourd (29%) déclarent pratiquer une activité sportive, et celle-ci est très liée à l’âge et décroit fortement à partir de 25 ans. Ainsi 61% des 18-24 font du sport, alors qu’à partir de 25 ans, la moyenne se situe, selon les catégories d’âge, entre 23 % et 33%. Cette pratique a un effet direct sur l’indice de masse corporelle : les conducteurs les plus sportifs sont ceux qui ont le plus souvent un indice de masse corporelle normal.
La consommation de tabac des conducteurs de poids lourd est en moyenne de 38% avec des disparités selon les pays : 40% pour les Français soit plus de 10 points par rapport à l’ensemble des hommes fumeurs en France, mais 56% pour les Bulgares et 21% pour les Polonais. Les 25-34 ans sont ceux qui consomment le plus de tabac (49%). Les 18-24 ans sont ceux qui en consomment le moins (22%). Entre 35 et 64 ans la prévalence tabagique s’infléchit avec l’avancée en âge. Les fumeurs quotidiens consomment en moyenne 18,8 cigarettes par jour (vs. 14,1 cigarettes par jour dans la population générale en Europe).
Interrogés sur leur consommation d’alcool, seul 6 conducteurs de poids lourd sur 10 ont répondu aux questions sur ce sujet. Malgré la garantie de l’anonymat exprimée par les enquêteurs, il est probable que le caractère potentiellement préjudiciable des réponses soit apparu comme un frein. Cependant, sur cet échantillon, 8% des répondants sont des consommateurs quotidiens, à comparer à 15% de la population masculine française.
La consommation déclarée de produits psycho-actifs reste très limitée. Elle concerne 2% des conducteurs.
Face à ces constats et ces déclarations, les conducteurs de poids lourd sont nombreux à être intéressés par des conseils de prévention ou des propositions d’accompagnement. Ainsi, parmi les conducteurs en surpoids ou obèses, : 36% sont intéressés par une aide pour perdre du poids (27% des conducteurs français). En ce qui concerne l’aide au sevrage tabagique, 75% des conducteurs fumeurs souhaiteraient pouvoir en bénéficier (63% des conducteurs français, soit 8 points de plus que la population générale).
Ce travail inédit met en avant un certain nombre de constats sur la santé des conducteurs de poids lourd, comme une consommation de tabac et une surcharge pondérale supérieures à ce qui est observé dans la population générale. Ces résultats spécifiques doivent permettre de développer des moyens de prévention adaptés.
Loïc Josseran
Professeur de santé publique Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Hôpital Raymond Poincaré de Garches (AP-HP)
Fidèle à sa démarche de prévention, qui a pour vocation d’améliorer les connaissances en finançant des recherches scientifiques et de partager les résultats de ces études avec le plus grand nombre via des opérations de prévention et des campagnes de sensibilisation, la Fondation VINCI Autoroutes a organisé, en partenariat avec la Fondation Carcept Prev, des animations à destination des conducteurs de poids lourd sur 3 aires du réseau VINCI Autoroutes, ce mardi 1er juin.
Des spécialistes du sommeil, de la nutrition, des sophrologues et des coachs sportifs réunis pour délivrer leurs conseils aux conducteurs poids lourd Sur 3 aires du réseau VINCI Autoroutes : Limours-Janvry (A10), Roussillon (A7) et Arc (A8), autour d’un café offert, les ambassadeurs de la Fondation VINCI Autoroutes et de la Fondation d’entreprise Carcept Prev ont pu partager les messages de sensibilisation avec des conducteurs présents sur ces aires proposant des parkings réservés aux poids lourds :
• Des sophrologues ont proposé des ateliers pour découvrir des techniques simples, issues de la préparation mentale, pour se recentrer rapidement et renforcer ses capacités attentionnelles avant de prendre la route et si nécessaire pendant la conduite ;
• Des experts du sommeil de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) ont échangé avec les conducteurs pour les conseiller sur leur hygiène de sommeil et leur présenter l’application Roulez éveillé qui leur permet notamment d’évaluer leur niveau d’éveil avant de prendre le volant ;
• Des diététiciennes nutritionnistes ont proposé des pistes et des recettes pour adopter une alimentation saine et équilibrée et invité les professionnels du transport à suivre un coaching nutrition ;
• Des préparateurs physiques ont partagé des exercices d’éveil et d’entretien musculaire pour inciter les conducteurs à adopter une activité physique adaptée et régulière et invité les professionnels du Transport à s’engager dans un coaching activité physique mis en place par Transportez-Vous Bien, le programme de prévention des salariés du transport routier ;
• Les ambassadeurs de la Fondation VINCI Autoroutes ont diffusé des informations sur les risques de somnolence, d’inattention au volant et leurs conséquences pour la sécurité du personnel et rappelé les bonnes pratiques pour les prévenir ;
• Les ambassadeurs de la Fondation d’entreprise Carcept Prev ont échangé avec les professionnels de la route sur l’action sociale dédiée aux salariés du transport.
L’intervention de la Fondation Carcept Prev s’inscrit dans le prolongement des actions menées par les institutions Carcept Prev et en particulier du programme de prévention santé « Transportez Vous Bien », qui accompagne l’ensemble des salariés non cadres de la branche transport depuis 2017 par des actions incitatives leur permettant d’améliorer leur hygiène de vie compte tenu des risques de santé spécifiques des métiers de la branche.
Benjamin Laurent
Directeur délégué de la Fondation d’entreprise Carcept Prev
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