15 mars 2022
A l’occasion de la conférence-débat organisée autour de l’étude inédite dirigée par le sociologue David le Breton, la Fondation VINCI Autoroutes lance une nouvelle campagne digitale de sensibilisation : « Je te laisse en Vu, tu me laisses en vie ! »
En France, près d’une personne sur cinq tuée dans les accidents de la route a entre 18 et 24 ans. Cette tranche d’âge ne représente pourtant que 8 % de la population. Au niveau national comme mondial, les accidents de la route constituent la première cause de mortalité chez les jeunes adultes[1]. Pour contribuer à trouver des pistes d’actions face à ce constat dramatique, la Fondation VINCI Autoroutes a soutenu la réalisation d’une étude sociologique inédite, dans le cadre de son programme de recherche sur la prévention des risques chez les jeunes conducteurs. Pilotée par David Le Breton, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, cette vaste enquête qualitative examine le rapport des jeunes à la conduite et à l’automobile. Quel regard portent-ils sur leur apprentissage de la conduite et l’influence de leurs pairs ? Quels usages ont-ils de leur voiture ? Comment conçoivent-ils leur rapport à la règle, et aux autres, sur la route ? Quelle conscience ont-ils des risques auxquels ils sont exposés et comment y font-ils face ?
En s’appuyant sur plus de 150 entretiens approfondis menés avec des jeunes de 18 à 25 ans, d’origines géographiques diverses, l’équipe de chercheurs dresse le portrait d’une génération hyperconnectée, soucieuse de son autonomie et de la maîtrise de son temps, ouverte à de nouvelles formes de mobilité tout en restant très dépendante de la voiture, et contrainte à chercher sans cesse des compromis entre les injonctions de sa vie sociale et une conduite sûre, quitte à prendre des risques.
Les conclusions de cette étude, exposées dans l’ouvrage collectif dirigé par David Le Breton, Les jeunes au volant (aux éditions érès), ont été présentées ce matin chez Leonard:Paris lors d’une conférence-débat organisée par la Fondation VINCI Autoroutes. En présence de Marie Gautier-Melleray, déléguée interministérielle à la sécurité routière, des experts de la sécurité routière, des conduites à risques et de l’adolescence (sociologues, pédopsychiatres, psychologues, spécialistes du sommeil…) ont croisé leurs réflexions pour identifier de nouveaux leviers susceptibles de réduire l’exposition des jeunes au risque routier.
A cette occasion, la Fondation VINCI Autoroutes a également présenté sa nouvelle campagne digitale de sensibilisation destinée aux jeunes conducteurs, intitulée La notif’. Mettant en scène avec humour, sous les traits du Youtubeur Théodort et du comédien Sohan Pague (vu dans la série Skam), l’irrésistible pression exercée par les « compagnons numériques » sur les jeunes au volant, cette vidéo de 52 secondes sera diffusée sur les réseaux sociaux à partir de ce mercredi, sous le mot d’ordre « Je te laisse en Vu, tu me laisses en vie ! ».
[1] La sécurité routière en France - Bilan de l’année 2020 – ONISR 2021
Marie Gautier-Melleray
L’étude qualitative pilotée par David Le Breton, s’appuyant sur plus de 150 entretiens de jeunes de 18 à 24 ans, avait pour objectif de questionner la manière dont les jeunes apprennent à conduire et se représentent la circulation routière, leur relation aux autres, à leur voiture, au code de la route, aux outils connectés, à la vitesse, aux campagnes de prévention, aux mobilités partagées et à l’écologie…Il en ressort un certain nombre d’enseignements marquants, permettant de mieux comprendre les pratiques des jeunes et les influences et pressions auxquelles ils sont confrontés.
En premier lieu, comme le souligne David Le Breton, la voiture est « un signe indispensable du fait de se ‘sentir’ adulte, un indice tangible de maturité. Elle incarne la liberté de mouvement, l’autonomie au regard des parents ou des amis, elle est au cœur de la sociabilité adolescente quand elle abrite les premiers amours, contribue aux déplacements vers les lieux de fête ou les appartements des amis, les balades… La totalité des jeunes interrogés associent la voiture à l’autonomie dans leur vie quotidienne. Elle est un instrument essentiel de leur liberté… Elle est un objet transitionnel propre à cet âge : elle rassure, elle donne un contenant, elle permet d’aller d’un lieu à un autre sans dilemme ».
Mais pour accéder à cette liberté, il faut affronter le stress et l’inquiétude générés par l’apprentissage de la conduite et l’obtention du permis de conduire qui, malgré le développement de mobilités alternatives, demeure une norme sociale fondamentale et un véritable passeport pour l’autonomie : « dès les premiers temps de l’initiation à la conduite automobile, cette tension entre nécessité de la confiance en soi et urgence de prouver ses talents de conducteur averti s’exprime à travers des épisodes répétés de stress » (Jocelyn Lachance, maître de conférences HDR en sociologie, université de Pau et des Pays de l'Adour).
David Le Breton
Si les représentations sociales de la voiture ont évolué, notamment dans le sens d’une vision plus utilitaire de celle-ci, « les usages de l’automobile restent fortement genrés chez les jeunes gens », et ce même si l’on on observe un mouvement de convergence progressive entre les sexes (Yoann Demoli, maître de conférences, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
Il en va de même du risque routier, « qui reste fondamentalement masculin » (D. Le Breton), souvent associé à des mécaniques de manifestation de virilité chez des jeunes gens, pour qui elles « participent de la construction de soi ». Bien que les facultés d’anticipation et d’adaptation caractérisent, aux yeux des jeunes, les bons conducteurs, prendre des risques reste une manière d’éprouver la maîtrise de son existence, de « reprendre le contrôle » et « expérimenter le péril pour le dompter » (Maxime Duviau, docteur en sociologie, enseignant-chercheur en socio-anthropologie).
L’analyse des témoignages recueillis montre également que le rapport au temps joue un rôle essentiel dans l’expérience de la conduite et les prises de décision des jeunes, « dans le contexte plus large de l’accélération sociale » de leurs vies (J. Lachance). La vitesse des déplacements jouant un rôle de variable d’ajustement dans la recherche constante de maîtrise des horaires, l’impératif d’être à l’heure tend à primer sur le respect du code de la route, laissant apparaître in fine une hiérarchie des normes toute subjective, qu’impose à leurs yeux la pression sociale.
Autre caractéristique de ce rapport au temps sous contrainte : « l’idée que la norme est d’être joignable, rapidement, en tout temps » (ibid.) y compris au volant. Contrainte ambivalente, dans la mesure où elle rencontre « leur désir de rester connecté », sur fond de crainte de la solitude et du silence.
Bien que très conscients des dangers liés à ces « compagnons numériques de la route », les jeunes peinent à s’en détourner lorsqu’ils conduisent, le risque de la déconnexion primant bien souvent à leurs yeux sur le risque de la déconcentration.
Autre expression de leur volonté constante d’optimiser leur temps : le manque d’écoute de leur corps, et l’interprétation erronée des causes de la fatigue qu’ils ressentent fréquemment au volant, et qu’ils imputent à tort à la conduite elle-même (monotonie du paysage, tâches répétitives, longueur du trajet) plutôt qu’à leur manque chronique de sommeil, assimilable à une véritable forme de « jetlag social » (Professeur Carmen Schröder, professeur de pédopsychiatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg et spécialiste du sommeil) : « L’adolescence et le début de l’âge adulte sont une période particulière du développement, où le sommeil et les rythmes de vie sont soumis à d’importantes modifications qui se manifestent par un décalage progressif des heures de coucher et de lever… Cette période de vie est celle où la somnolence va avoir un vrai impact, non seulement sur la conduite automobile, mais plus généralement sur les conduites à risques » (ibid.).
Daniel Marcelli
Jocelyn Lachance
La Fondation VINCI Autoroutes lance une campagne digitale de sensibilisation pour inciter les jeunes à résister à l’appel des notifications lorsqu’ils sont au volant « Je te laisse en Vu, tu me laisses en vie »
Les jeunes ont fait de leur smartphone le compagnon numérique de leur existence. A travers lui, ils entretiennent une connexion constante avec leurs tribus, amicale, familiale, sociale …, et sont en permanence destinataires et émetteurs de notifications visuelles et sonores. Autant de sollicitations qui, au volant, sont susceptibles de détourner leur attention de la route, avec des conséquence dramatiques. Près d’un jeune sur deux (46% des 16-24 ans) déclare ainsi envoyer ou lire des SMS ou des mails en conduisant (Baromètre de la conduite responsable 2021, Ipsos - Fondation VINCI Autoroutes).
Pour contribuer à sensibiliser les 18-25 ans à un usage raisonné de leur smartphone en situation de conduite, la Fondation VINCI Autoroutes lance ce mercredi, sur les réseaux sociaux, une campagne vidéo intitulée « La notif’ », avec le Youtubeur Théodort et le comédien Sohan Pague (vu dans la série Skam). D’une durée de 52 secondes, elle met en scène avec humour l’irrésistible pression exercée sur les jeunes conducteurs par l’écran, si familier, de leur smartphone.
Sous les hashtags #JeTeLaisseEnVu #TuMeLaissesEnVie, la vidéo sera diffusée conjointement par Theodort auprès de sa large communauté de fans (1,6 million d’abonnés à sa page YouTube) et sur les comptes sociaux de Roulons autrement, le projet numérique de l’association Ferdinand et de la Fondation VINCI Autoroutes, dédié à la sensibilisation à la conduite responsable par l’image.
Nos actions
Conduite responsablePréservation de l’environnementOuverture aux autres par la lectureSoutien de projets en faveur de la biodiversitéNos partenaires
Nos partenairesVotre projet
Votre projetSalle de presse
Communiqués de presse