29 octobre 2024
Alors qu’une mission intitulée "Contre les violences, protéger tous les usagers de la route" a été annoncée il y a une dizaine de jours par François Durovray, ministre des Transports, la Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats de la 4e édition de son étude sur le partage de la route.
Dans le prolongement du Baromètre de la conduite responsable, cette enquête, réalisée par Ipsos, étudie spécifiquement les comportements des Européens confrontés, sur la route, à la cohabitation entre différents modes de déplacement. Qu’ils soient automobilistes, conducteurs de deux-roues motorisés, cyclistes ou piétons, quelle attention portent-ils aux autres usagers de la route ? Dans quelle mesure respectent-ils les règles de partage de la route ? Est-ce que leurs comportements sont influencés par les différents moyens de déplacement qu’ils utilisent ? Les réponses de 12 413 Européens, dont 2 413 Français, témoignent de la nécessité de sensibiliser toujours plus l’ensemble des usagers au respect d’autrui et des règles du code de la route, de façon à rendre possible une cohabitation harmonieuse sur la route.
[1] Conducteurs qui se déplacent aussi en deux-roues motorisé, vélo, EPDM
La voiture est le premier mode de déplacement en France[1] et en Europe. Pour leurs trajets quotidiens, les Français sont également adeptes des modes actifs mais dans une moindre mesure que les Européens. Les Français sont 57 % (-5 points vs. 2023) à se déplacer régulièrement à pied, soit 9 points de moins que la moyenne des Européens (66 %). Ce sont les Espagnols qui marchent le plus (77 %) et les Belges le moins (53 %). Les Français sont en avant-dernière position (57 %).
En région, c’est enIle-de-France que l’on marche le plus (74 %) et en Bourgogne-Franche-Comté le moins (47 %).
En ce qui concerne le vélo, les Français sont 11 % (-2 points vs. 2023) à en utiliser un régulièrement, soit 10 points de moins que la moyenne des Européens (21 %). Les hommes sont un peu plus nombreux que les femmes à circuler à vélo, régulièrement (12 % vs. 10 % ; 23 % vs. 19 %) comme lors d’un usage ponctuel (40 % vs. 36 % ; 39 % vs. 36 %).
Dans les agglomérations de 200 000 habitants et plus, la pratique régulière du vélo peut varier sensiblement : de Strasbourg et Bordeaux (22 %) à Nice (10 %) et Marseille (7 %).
Sans surprise, ce sont les Néerlandais qui utilisent le plus régulièrement le vélo (58 %), largement devant
les Belges (26 %), les Allemands, les Polonais, et les Suédois (24 %). Les Français se placent en 8e position (sur 11 pays européens sondés), juste devant les Grecs (10 %), les Britanniques et les Espagnols (7 %).
Les Français sont aussi 4 % à utiliser régulièrement un deux-roues motorisé (6 %) et 2 % une trottinette ou un hoverboard (3 %).
[1] Évolution du mode de déplacement des ménages - Commissariat général au développement durable - 2023
La diversité des modes de déplacement (voiture, deux-roues motorisé, vélo, engin de déplacement personnel motorisé (EDPM), marche à pied) et l’évolution de leur part respective dans un espace public contraint, rend la cohabitation entre les différents usagers complexe et souvent conflictuelle.
Quel que soit le mode de déplacement, la cohabitation avec les autres usagers est source d’anxiété et de tensions.
Une très large majorité d’entre eux (95 % ; 92 %) redoute les comportements à risque des autres. C’est le cas pour :
Les piétons sont également très affectés par les prises de risques des autres usagers. Ainsi, ils sont 93 % à avoir peur qu’un automobiliste ne s’arrête pas pour les laisser passer alors qu’ils sont engagés sur un passage protégé (89 %), et 80 % (+4 points depuis 4 ans) déclarent avoir été frôlés sur un trottoir par un vélo, une trottinette ou un hoverboard (63 %).
La peur de l’agressivité des conducteurs motorisés est aussi très largement répandue : elle concerne 89 % des conducteurs de deux-roues motorisés (81 %), 88 % des automobilistes (83 %) et 87 % des cyclistes (+6 points en 4 ans ; 80 %).
Le sentiment de sécurité à vélo, qui est un facteur important pour le développement de sa pratique, varie significativement selon les pays. Alors qu’en moyenne, en Europe, 80 % des cyclistes se sentent en sécurité lorsqu’ils se déplacent régulièrement à vélo, cette proportion passe de 93 % pour les Néerlandais à 59 % pour
les Français (soit 34 points de différence !). Ces derniers sont d’ailleurs ceux qui se sentent le moins en sécurité parmi les citoyens des 11 pays observés[1].
Dans les agglomérations de 200 000 habitants et plus, les cyclistes réguliers se sentent plus en sécurité (68 % soit 9 points de plus que la moyenne française ; 90 % à Strasbourg mais 25 % à Marseille-Aix-en-Provence).
[1] En 2023, la mortalité cycliste a baissé de 13 % par rapport à 2022 en milieu urbain —pour une augmentation de la pratique de 6 %—et de 7 % hors agglomération pour une stagnation de la pratique en milieu rural. Entre 2019 et 2023, le nombre de cyclistes tués est cependant en augmentation de 18 %. - ONISR - La sécurité routière en France – Bilan de l’accidentalité 2023
Alors que les Français sont nombreux à craindre les comportements à risque des autres usagers de la route tout en contribuant souvent eux-mêmes à ce climat de tension, il est urgent de rappeler que le partage de la route et plus largement de l’espace public est l’affaire de chacun. Respecter les règles du code de la route, avoir conscience des conséquences de ses actes pour les autres et pour soi-même, résister à l’impulsivité et à l’individualisme, sont autant de moyens de préserver la sécurité de tous les usagers et des plus vulnérables en particulier
Bernadette Moreau
Déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes
Un certain nombre de règles du code de la route qui doivent participer à un partage de la route équilibré, ne sont pas connues par l’ensemble des usagers et peuvent créer des tensions lorsqu’elles ne sont pas comprises et appliquées par tous. C’est particulièrement vrai pour les règles concernant la circulation des cyclistes.
Ainsi :
Les sas vélo : sont exclusivement réservés aux cyclistes pour leur permettre de se positionner en amont des véhicules dans un carrefour à feux, afin de mieux voir et être vus. Cependant, 67 % des conducteurs de deux-roues motorisés (64 %) et 33 % des automobilistes (47 % à Paris et 27 % à Marseille – Aix-en-Provence ; 24 %) admettent s'y arrêter.
Les trottoirs : sont des espaces qui sont réservés aux piétons (seuls les enfants de moins de 8 ans à vélo et les trottinettes sans moteur peuvent y rouler) et pourtant les conducteurs de deux-roues motorisés et les cyclistes ont une forte tendance à se les approprier pour s’y garer (81 % des conducteurs de deux-roues motorisés ; 66 %) ou pour y circuler (62 % des cyclistes réguliers ; 72 % et 44 % des conducteurs de deux-roues motorisés ; 46 %). Dans les agglomérations de plus de 200 000 habitants, 72 % des cyclistes réguliers circulent sur les trottoirs soit plus 10 points par rapport à la moyenne française (83 % à Toulouse et 61 % à Nantes et Tours). Cette occupation abusive de l’espace constitue un danger pour les piétons qui sont d’ailleurs 80 % à déclarer avoir déjà été frôlés par un vélo, une trottinette ou un hoverboard lorsqu’ils marchaient sur un trottoir (63 %).
Autre signe de négligence vis-à-vis des cyclistes, 36 % des automobilistes avouent ouvrir leur portière sans vérifier leur présence à proximité (34 %).
[1]ONISR - La sécurité routière en France – Bilan de l’accidentalité 2023
[2] Y compris pour la programmation du GPS
Savoir se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses contraintes et sa vulnérabilité est l’un des bénéfices de
la pratique de plusieurs modes de déplacement. 51 % des conducteurs utilisent au moins un mode de déplacement autre que la marche —deux-roues motorisé, vélo, trottinette, …— (60 % des Européens - 85 % des Néerlandais et 35 % des Britanniques).
Or, 86 % de ces « multi-usagers » déclarent faire preuve d’une plus grande prudence vis-à-vis des autres sur
la route : vérification des angles morts, respect des pistes cyclables et des places réservées aux personnes en situation de handicap, vigilance en ouvrant la portière, etc. (+8 points en un an ; 78 %).
Parmi les automobilistes qui utilisent régulièrement le vélo, 37 % estiment qu’ils respectent mieux la signalisation que lorsqu’ils sont en voiture (32 %) et 88 % considèrent qu’un trajet à bicyclette leur demande de faire plus attention qu’en voiture (+14 points en un an ; 62 %).
• Les trottoirs sont réservés aux piétons. Seuls les enfants de moins de 8 ans à vélo et les trottinettes sans moteur peuvent y rouler.
.• Les pistes cyclables et les bandes cyclables sont réservées aux vélos et aux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM). En l’absence de trottoir, les piétons peuvent marcher sur une piste cyclable.
.• En l’absence de pistes cyclables, les EPDM peuvent circuler sur des routes dont la vitesse maximum autorisée est 50 km/h. Les vélos sont autorisés à circuler sur la chaussée sauf en présence d’une piste cyclable obligatoire signalée par un panneau de forme ronde.
• Le « sas vélo » est réservé aux cyclistes et aux utilisateurs d’EDPM. Les deux-roues motorisés et les véhicules doivent se placer derrière cet espace et en laisser l’accès libre.
• Le cédez-le-passage au feu tricolore ou « panneau M12 » est placé au niveau de certains feux. Les cyclistes peuvent aller dans la ou les directions indiquées par les flèches, sans s’arrêter au feu rouge, mais en cédant le passage aux piétons et aux usagers de la voie sécante.
• Le dépassement d'un vélo : la distance latérale de sécurité à respecter est de 1 m en agglomération et de 1,50 m hors agglomération.
Pour en savoir plus https://www.securite-routiere.gouv.fr/reglementation-liee-aux-modes-de-deplacements/velo
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